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Les Ruines du Château, en cours
Sur la route, je regardais le paysage dans le vide. Je pensais à tout ce qu’on avait découvert, à l’histoire du château, aux pierres blanches et au clou, que j’avais enfoui dans un mouchoir dans une poche de mon sac à main. Les larmes qui coulaient sur mes joues m’avaient sortie de mes pensées. L’air était gelé tout là-haut et je n’avais pas de visière à mon casque. Je fermais les yeux et le voile rouge de mes paupières me réchauffa les yeux. Pourtant, il n’y avait pas de soleil, qu’est-ce qui pouvait bien transparaître ? J’ai vite balayé la question, car je n’arrivais plus à me défaire de ce rouge qui devenait de plus en enveloppant. Il réchauffait tout mon corps. Je ne sentais plus le froid se glisser sous les manches de ma veste, ni celui qui s’engouffrait dans mes oreilles. J’avais l’impression de pouvoir regarder ce rouge, comme s’il était face à moi. D’autres couleurs m’apparaissent en le regardant, du orange, du jaune, du blanc. C’était comme des traits de lumière. Comme quand on croise les phares d’une voiture en pleine nuit. Les couleurs apparaissaient et disparaissaient. Je commençais à avoir chaud. Le fond rouge lui, ne faisait que de s’assombrir, alors les teintes superficielles paraissaient de plus en plus lumineuses. J’avais très chaud. D’entre les flammes, des formes grossières se dessinaient. J’essayais de me concentrer, comme si quelque chose était sur le point de se dévoiler, je voulais voir au travers de la fumée. Je croyais enfin distinguer ce qui ressemblait à une maison, sans pouvoir l’identifier. Elle était floue, tremblait, mutait, elle apparaissait puis disparaissait. Je suppliais les flammes de bien vouloir s’éteindre. Et c’était comme si elles avaient entendu mon urgence. Je croyais la reconnaître, mais était-ce vraiment elle ?

Le scooter s’était arrêté. J’ouvrais mes yeux et libérais des rivières.
Au travers d’anecdotes inspirées de ma vie personnelle et d’histoires qui m’ont été contées, je tente d’écrire le récit de la maison qui brûle, celle que je représente dans mes peintures.

J’y raconte l’histoire d’une personnalité fictive, qui est en quête de réponses face à un souvenir retrouvé, dont elle est la seule à se rappeler. On suit alors son cheminement auprès de lieux, d’objets et de personnes qui vont l’aider à remonter le cours de sa mémoire. En avançant, elle réalise qu’elle est en train de retracer la détérioration du couple de ses parents.
Influencée par le réalisme magique et les écrits d’Isabel Allende et de Mariana Enriquez, je viens faire intervenir des éléments surnaturels et magiques qui visent à donner un autre niveau de lecture de la réalité dans laquelle s’inscrit le récit.